Jharkhand, Hazaribagh "Diwali au centre Sanskriti" — partie 4

À la tombée de la nuit, la maison est en effervescence et chacun attend l’obscurité pour allumer les lampes à huile dans les trois maisons du centre. Les enfants, petits enfants et mon hôtesse Elisabeth préparent les lumignons sur un plateau et les positionnent à des endroits clés.

Jharkhand, Hazaribagh "Diwali au centre Sanskriti" — partie 4

Nous arrivons au centre Sanskriti et sur le sol de la terrasse couverte de la maison de Bulu Imam, un chemin de motifs géométriques réalisé avec de la pâte de riz liquide sèche progressivement. Dans cette région, qui autrefois faisait partie du Bihar, les dessins de sol sont appelés aripan, un mot dérivé du mot sanskrit alepan qui se traduit par « enduire ».

Aripan dans la maison de Bulu Imam

Le Jharkhand qui signifie « Terre des forêts », a été détaché du Bihar en 2000 et le Mithila, une région de l'actuel nord du Bihar située entre les contreforts du teraï népalais et la rive droite du Gange, est souvent mentionnée dans les contes des Jataka. Ces récits relatent les vies antérieures du Bouddha et célèbrent la richesse et la splendeur des palais du royaume de Mithila. En 1948, William George Archer, anthropologue spécialiste de l'Inde qui a travaillé pendant 16 ans pour l'Indian Civil Service au Bihar, a découvert et contribué à faire connaître l'art mural des femmes du Mithila, en particulier celles des castes brahmanes et kayastha. Comme dans d'autres régions de l'Inde, les peintures murales sont temporaires, réalisées par les femmes pour des cérémonies domestiques et religieuses et très souvent accompagnées par les peintures de sol nommées aripan.

Ici aussi, la vie quotidienne s'articule autour du calendrier lunaire. Le mois, divisé en deux moitiés de 15 jours chacune, commençant respectivement à la pleine lune et à la nouvelle lune, est l'unité de base du cycle rituel annuel. La signification rituelle de chaque jour, en fonction de la position de la lune, du mouvement du soleil et des planètes, est détaillée dans un calendrier appelé panchanga. Les femmes hindoues observent des vœux (vrata), jeûnent les jours rituellement importants et réalisent des peintures sur le sol à l'aide de pâte de riz liquéfiée.

Dev Uthani Ekadashi aripan par Jaimala Das

Dans une pièce, devant l'autel de la maison, sur le sol de la véranda ou dans la cour, à l'occasion d'un anniversaire ou pour commémorer le mariage d'une divinité, pour saluer la pleine lune, la demi-lune ou le début d'un mois lunaire, pour célébrer une naissance, des fiançailles, un mariage ou pour les cérémonies d'initiation d'un enfant dans une nouvelle phase de sa vie (la première coupe de cheveux, ou lorsqu'un enfant brahmane reçoit le cordon sacré), les femmes dessinent.

J'ai entendu dire qu'il était de coutume qu'une nouvelle épouse crée un aripan chaque matin pendant plusieurs mois après son mariage pour s'assurer du bonheur et de la prospérité de son couple. Seule ou accompagnée d’un prêtre récitant les formules appropriées, elle fera les offrandes coutumières et le dessin disparaîtra peu à peu sous les allées et venues des membres de la maison. Durant ce séjour, je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer des femmes brahmanes ou Kayastha (Une communauté dont la profession est celle de greffiers, d'écrivains et de comptables servant historiquement les pouvoirs en place en tant qu'administrateurs, ministres et archivistes, ils étaient également chargés de tenir les registres fonciers).            

Dans les communautés tribales autour de la ville d’Hazaribagh, les femmes réalisent les aripan qu'à l'occasion de la fête des récoltes de Sohrai qui sera célébrée demain. Mais ce soir, au centre Sanskriti, les filles et petites filles de mon hôte dessinent des aripan pour Diwali, la fête des lumières.

Aripan pour Diwali, la fête des lumières

À la tombée de la nuit, la maison est en effervescence et chacun attend l’obscurité pour allumer les lampes à huile dans les trois maisons du centre. Les enfants, petits-enfants et mon hôtesse Elisabeth préparent les lampes d'argiles sur un plateau et les disposent à des endroits clés.

Elisabeth Imam
Aripan pour Diwali, la fête des lumières

La lumière vacillante des lampes à huile sur les murets donne une vision éthérée des nombreux motifs qui constellent la surface des murs.

Chaque point de lumière diffuse, accentue l’effet d’immersion et d’intimité, invitant à un dialogue silencieux avec les sujets représentés. Des œuvres qui parlent de la beauté des règnes animal et végétal, ainsi que de la communauté tribale et de sa relation au monde qui l’entoure.


État du Jharkhand

Histoire à suivre…


Articles précédents :

Jharkhand, Hazaribagh "un patrimoine en péril" — partie 1

Jharkhand, Hazaribagh "Peindre les murs pour le festival de Sohrai" — partie 2

Jharkhand, Hazaribagh " Peindre les murs pour le festival de Sohrai" — partie 3